Découvrez le portrait Loïc Soubeyrand, Teads.
La première fois que j’ai rencontré Loïc Soubeyrand (CEO, TeAds), mon impression fut partagée. Dans ce monde de la publicité digitale, nous avons tellement été habitué à rencontrer des gens dont l’objectif est de faire un maximum de bruits que faire face à un dirigeant start-up plutôt posé peut effectivement surprendre.
Avec le recul, on peut tout simplement appeler cela un coup de vieux. Le match de football référent pour le Loïc enfant, c’est France-Brésil (1998), pour ma part, c’est France-Allemagne (1982). Loïc fait partie de cette nouvelle génération de CEO (il a 27 ans) pour qui le marketing digital a toujours été technologique et non pas une simple prolongation de ce que l’on fait sur d’autres médias.
Il sait parfaitement où il va, où doit aller sa société TeAds et c’est finalement suffisamment clair et impressionnant pour être signalé. Amis quarantenaires, ne vous sentez pas pour autant dépassé, ce rendez-vous m’a rappelé mon entretien d’embauche avec Cyril Zimmermann en 1998. A l’époque, il faisait figure d’exception et c’est probablement pour cela qu’il est toujours à la tête de Hi-Media. Par contre, ce qu’il y a de certain, c’est que nous rencontrons dans notre industrie de plus en plus de gens brillants et Loïc est l’un d’eux, et le vrai changement, il est là.
Voici les fruits de notre discussion.
Quand le produit naît du besoin
Historiquement, Loïc avait développé une plateforme de téléchargements de photos de concerts. Dixit himself : “the coolest platform for people who love concerts & music”. Une fois qu’on a dit ça, il faut aussi en vivre. L’usage d’Adsense et autres networks au clic lui permettait à peine d’acheter les timbres pour ses courriers à envoyer au RSI. La réflexion fut alors la suivante : plutôt que de servir de la soupe, si on proposait à des annonceurs les produits publicitaires qui leur plaisent vraiment histoire qu’on puisse enfin monétiser notre inventaire ? Les formats vidéo de TeAds étaient nés.
La complémentarité c’est obligatoire, mais avoir un bagage technique c’est encore mieux
Aujourd’hui, lancer une start-up dans le marketing digital sans avoir a minima comme associé une pointure côté technique serait particulièrement hasardeux pour ne pas dire débile. Mais pour bâtir une équipe qui gagne, il faut désormais plus que ça. Au PSG, Thiago Silva marque aussi des buts et Cavani défend en premier rideau. Loïc a un background d’informaticien mais ce n’est pas lui qui gère la technique. Par contre il est capable de traduire rapidement un besoin client en une fonctionnalité réaliste, et ça fait toute la différence.
TeAds, un SSP pour les formats vidéo innovants
Nous vous avons déjà expliqué ce qu’est un SSP. Pour ceux qui auraient oublié, il s’agit d’une plateforme qui permet côté vendeur de choisir automatiquement, impression par impression, l’annonce qui sera la plus rentable. Côté innovation, nous nous aventurons sur un terrain plus confus, le principe même de ce marché étant de ringardiser très rapidement ce qui était à la pointe deux ans auparavant. A l’heure où nous vous parlons, innover en vidéo ce n’est pas proposer des publicités avant une vidéo (pré-roll) mais plutôt diffuser cette publicité au sein d’une page à un endroit visible où l’internaute ne se sentira pas pour autant envahi. Tout un programme.
Le AdSlot est mort, vive l’emplacement dynamique
L’endroit visible non envahissant dont nous venons de vous parler, il n’est pas universel, ce serait beaucoup trop simple. Il va varier en fonction du nombre de paragraphes de l’article, de la présence ou non d’une vidéo éditoriale, etc… Le bon vieux temps où nous, Ratecard, vous parlions du Bandeau Haut 468*60 a du plomb dans l’aile. Le format est maintenant dynamique, c’est un algorithme qui va déterminer à la volée en fonction du contenu à quel endroit de la page l’on va retrouver la publicité. Chez TeAds, cela s’appelle InRead et ça fait un carton.
Je vends de la techno, pas de la publicité
Chez TeAds, on est plutôt malin. Que cela soit Loïc ou Fabien Livet (Head of Operations), ils nous répètent que leur job, c’est de mettre en place une solution technologique, un contenant, qui va accueillir de la publicité. Ils ne sont par contre pas responsables du flux publicitaire puisque cela sera alors la mission des vendeurs, une régie externe comme Advideum par exemple. Mais comme on comprend au fil de la discussion que de toute façon, à horizon très rapide, toutes les ventes seront automatisées on en conclut qu’effectivement, le temps des déjeuners où vendeurs et acheteurs se rencontraient est bientôt terminé. Bref, TeAds fait de la techno parce que de toute façon, vendre de la publicité est désormais technologique.
Intégration quand tu nous tiens
Au fur et à mesure de notre discussion, on comprend aussi que TeAds est essentiellement confronté à un problème : intégrer son format dans les sites. Qui n’a jamais travaillé en collaboration avec un éditeur ne comprendra jamais pourquoi ce type d’intégration prend systématiquement dix fois plus de temps que prévu. Tout simplement parce que chez l’éditeur, le contenu est sacré et la publicité tolérée. Par contre, une fois l’intégration réussie, la barrière à l’entrée est particulièrement efficace. En effet, l’éditeur n’acceptera pas un autre format plus ou moins identique et se lancer dans une nouvelle intégration serait véritablement vécue comme un calvaire.
L’expérience fait la différence
L’autre barrière à l’entrée de TeAds, c’est la courbe d’expérience. On pourrait ainsi se demander pourquoi les leaders du marché que sont par exemple DoubleClick et Smart ne sont pas plus actifs sur ce genre de formats. Tout simplement parce que depuis trois ans, TeAds ne fait que ça, travailler la vidéo. On imagine que du côté de la Silicon Valley, le principe même de customisation et d’intégration doit en effrayer plus d’un, mais en attendant, c’est la French Touch qui trace sa voie.
Les sirènes de l’Orient
Quand on parle expansion internationale avec Loïc, il nous parle déjà de ses quinze revendeurs répartis aux quatre coins de la planète mais aussi des deux bureaux que TeAds ouvre. Ce sera donc l’Angleterre pour commencer, puis l’Australie. Quelle drôle d’idée nous direz-vous de commencer à s’amuser avec des réunions téléphoniques au milieu de la nuit. Mais à y regarder de plus près, on sent que Loïc est quelqu’un qui attache beaucoup d’importance aux relations humaines et on peut donc être certain que cette ouverture aux pays des kangourous se justifie par une relation hors pair avec son partenaire local. Et puis c’est aussi une première ouverture vers l’Asie, continent nettement moins risqué que les Etats-Unis à ouvrir selon Loïc, les budgets engagés étant par définition bien moindres.
Dmexco, ça ne rigole pas
Loïc n’était jamais venu au salon Dmexco à Cologne et autant dire qu’il n’a pas été déçu de son voyage. De son dîner de la veille avec quelques stars mondiales de la publicité digitale comme le CEO d’AppNexus par exemple, aux 742 stands de sociétés toutes plus innovantes les unes que les autres, il ne fallait qu’un pas pour que Loïc se dise : l’année prochaine nous y serons. Et ce sera encore avec Ratecard puisque nous avons reconduit le partenariat avec nos amis allemands. Et hop, un peu de publicité pour nous-mêmes :).
2012, Montpellier champion
Chez Ratecard, on aime bien le foot, mais ça vous le saviez déjà. Et bien sachez que chez TeAds, on supporte l’équipe de Louis Nicollin, le Montpellier HSC. Il faut dire que c’est dans cette ville que toute l’équipe technique travaille. Alors autant vous dire le 21 mai 2012, le lendemain du titre de champion de France, le standard téléphonique est resté longtemps branché sur le répondeur téléphonique. Et dixit Loïc, “qu’est-ce qu’on est cons quand on gagne, mais qu’est-ce que c’est bon”. Vous voyez, je vous parlais au départ de quelqu’un d’un peu posé, mais en fait, quand on commence à parler de choses vraiment sérieuses, la passion prend vite le dessus.
Ce qu’il faut retenir :
- si les produits TeAds marchent c’est parce qu’ils sont nés d’un besoin utilisateur
- pour travailler chez Teads, mieux vaut avoir un vrai background techno
- le positionnement de TeAds : SSP pour formats vidéos innovants
- les emplacements publicitaires ne sont plus fixes dans une page mais dynamiques
- Teads vend de la technologie, pas de la publicité
- s’intégrer chez un éditeur est toujours complexe
- trois années d’expérience sur les formats vidéo forment une véritable barrière à l’entrée
- ouvrir l’Asie est moins coûteux que les Etats-Unis
- Dmexco, c’est exceptionnel
- en 2012, Montpellier fut champion de France de football et TeAds fut très content
Dernière remarque : TeAds est un raccourci pour Teasing Advertising. Ca se prononce “Tidse” et pour un anglophone, ça peut interpeller.