Depuis une dizaine jours, j'incarne cette cible ultime pour quelques rois du marketing en France, "l'intentionniste auto". L'intentionniste auto, c'est celui qui un jour a décidé dans sa tête qu'il était temps d'acheter ou de changer sa voiture. Il commence donc à gamberger parce qu'il va être amené à faire un choix probablement impactant. Je ne parle pas ici de son empreinte carbone mais bien de monnaie sonnante et trébuchante. Votre banquier sera certes moins dans la boucle que si vous décidiez de changer d'appartement, mais en attendant, il faudrait tout de même partir sacrément loin pour qu'un voyage, par exemple, ait autant d'impact sur votre compte HSBC en Suisse.
La décision prise me rend nerveux et c'est avec une certaine anxiété que j'arpente la ville partant du principe que des vendeurs embusqués vont me tomber dessus. L'enjeu est important puisqu'en 2014, trois des quatre annonceurs les plus importants en France étaient des constructeurs automobiles. Renault (426 M€), Peugeot (375 M€) et Citroën (360 M€) ont donc investi des sommes considérables pour dénicher puis séduire ces fameux intentionnistes. Bien évidemment, on se met à regarder d'un peu plus près toutes les voitures, à remarquer des publicités à tous les coins de rue et aussi à butiner sur Internet. Lors de la dernière table ronde sur "le Médiaplanning de demain" organisée aux Tech Days by Microsoft le mois dernier, Catherine Gotlieb (Volkswagen) nous expliquait que si le client du siècle dernier se déplaçait en moyenne dans huit concessions avant de faire son choix, celui des années 2010 en visite à peine deux. Autrement dit, le travail se fait en amont.
Je prends donc quelques renseignements sur les sites des constructeurs Made in France même si je sais bien que Toyota aussi a son usine en France mais quand même quoi qu'on en dise c'est pas tout à fait la même chose, lis quelques articles de journalistes vantant quelques soupapes et autres injections puis décide d'envoyer quelques emails (Gmail) pour finalement demander leur avis à quelques personnes de mon entourage. Je m'attends alors à un déferlement de publicités particulièrement ciblées. Sans même parler de Big Data, j'imagine le retargeting faire son travail pour finalement me faire craquer. Un habillage Nissan m'attend sur la page d'accueil de l'Equipe.fr mais le hasard ou la coïncidence semblent de sortie puisque le modèle proposé ne correspond en rien à ce que j'ai pu consulter. Opel, alors que je ne lui avais rien demandé, me rappelle ma jeunesse en évoquant Claudia Schiffer. Une offre Peugeot apparaît sur un autre site mais une fois encore, la berline façon Papy ne m'a jamais attirée. Quant à Citroën, ma recherche ayant été effectuée sur ma tablette, mon ordinateur ne semble pas vraiment concerné.
La publicité me semble finalement peu présente. J'élabore alors deux hypothèses : les gars du marketing sont tellement forts qu'ils vont finir par complètement influencer mon achat de voiture sans que je m'en sois rendu compte. Seconde option, ils ont beaucoup de progrès à faire pour vraiment toucher en one to one le fameux intentionniste auto. Prochaine étape, contacter par téléphone les concessions histoire de commencer à parler un peu de sous…
(à suivre)
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